Edito du dimanche 17 octobre 2004:
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Qui aurait cru que quelqu'un se baladant en bikini tigré pouvait cacher
une âme de féministe ? C'est pourtant bien le cas, comme nous le
prouve Lamu en signant ici son second édito pour Mangaverse, que je vous
laisse découvrir.
Par la même occasion, j'en profite pour vous dire que si le site ne semble
pas beaucoup bouger en ce moment, ce n'est pas pour autant qu'il est à
l'abandon. Je manque de temps pour m'y consacrer mais les rubriques telles que
les divers plannings ou les couvertures sont régulièrement tenues
à jour. De prochaines chroniques finiront bien par égayer un peu
tout ça d'ici quelques temps... Que ceux qui attendent une réponse
de ma part à leurs mails m'en excusent, le manque de temps se fait également
sentir à ce niveau-là...
"En francophonie, mangas et Internet ne sont pas obligatoirement ce que peuvent
imaginer les gens, surtout lorsqu'on conjugue les deux ensemble. Loin des images
d'Epinal sur les Otakus japonais, de la surexposition complaisante de violence
et de sexe dans un certain nombre de séries (tout cela existe, il ne faut
pas le nier et on peut le déplorer), il y a une réalité plus
complexe. Notamment pour les mangas, il ne faut pas oublier la place qui est prise
par les jeunes filles et jeunes femmes, lectrices ou mangaka. Quand à Internet,
que ne glose-t-on pas sur l'individualisme de notre société, de
la perte des repères familiaux, de la solitude, de l'inactivité
des jeunes, etc... Le "réseau des réseaux" serait un des
facteurs de cette évolution en permettant de se réfugier dans le
virtuel et de fuir ses obligations du monde réel. Et cela serait encore
plus vrai pour les jeunes filles sur lesquelles reposent de nombreuses contraintes
de comportement en société. Alors imaginez l'effroi de certaines
bonnes âmes quand on mélange les trois
...
En ce qui concerne les mangas, depuis quelques mois la multiplication de titres
plus adultes et même de mangas d'auteurs montre toute la complexité
de cette BD venue du Japon (en attendant que le manhwa suive le même
mouvement). Mieux encore, nombre de ces oeuvres sont le fait de jeunes femmes
et montre que la bande dessinée peut aussi se conjuguer au féminin,
que rien n'oblige de rester dans les anciens carcans de la BD franco-belge grand
public.
Internet, comme tout outil, ne vaut que par l'usage dont il est fait et on peut
montrer, grâce à de nombreux exemples, qu'il est aussi un nouvel
espace de sociabilisation et d'interaction. Il est certain que cet espace repose
sur les mêmes principes fondamentaux que la sphère réelle
et donc aussi sur la responsabilité aussi bien individuelle que collective
des individus qui la composent. Le sens des responsabilités est une qualité
féminine, à ce qu'il paraît.
Malheureusement, pour comprendre cela à propos des mangas et d'Internet,
il ne faut pas se contenter des informations données par les médias
généralistes et grand public toujours prompts à simplifier
et à généraliser. Pour ma part, je pense que mangas et sites
internet, combinés ensemble, sont des facteurs de sociabilisation pour
une jeunesse qui a gagnée en liberté mais perdu en repères.
Et cela est encore plus vrai pour les jeunes filles internautes, fans de mangas
. Mais pour
exploiter au mieux ces facteurs, je pense qu'il est impératif d'avoir un
esprit critique, ouvert et curieux, d'apprendre à penser par soi-même
et à ne pas se contenter d'informations simples. Pour toutes ces choses,
un certain nombre de sites sont des exemples à suivre : Ils traitent de
mangas (mais pas seulement de ça) et démontrent ainsi que ce n'est
pas que sexe et violence (ni même mièvrerie dégoulinante)
en abordant la diversité des publications actuelles. Ce sont aussi des
sites bien loin des vitrines publicitaires, des portails de soi-disant informations,
pour ne pas parler des sites de cul qui nourrissent les idées reçues
concernant Internet. On a là des lieux virtuels où se rencontrent
de nombreuses personnes autour d'une passion commune tout en mettant en avant
une certaine exigence de qualité. Enfin, ils sont tenus par des webmistress
et montrent ainsi à tous et à toutes qu'Internet et les mangas ne
concernent pas que la partie masculine de notre société.
Merci à ces sites d'exister 
Lamu"